L’Agence Alpine des Territoires est une structure d’ingénierie au service des collectivités. Forte de sa soixantaine de collaborateurs, l’agence accompagne les territoires dans leur développement et la prise en compte des enjeux d’aujourd’hui et de demain.
Toujours à l’écoute des besoins des élus, acteurs et citoyens, elle mobilise son expertise pour effectuer la jonction avec les
travaux et les recommandations des chercheurs et universitaires du territoire.
C’est dans ce cadre, à l’interface science-société, que l’agence cherche à dynamiser ses réflexions autour de sujets stratégiques comme les effets systémiques du changement climatique sur des territoires de moyenne montagne, ses impacts et les réponses à apporter en termes d’adaptation.
Ce stage s’inscrit dans le programme TRACCS (TRansformer la modélisation du Climat pour les services Climatiques) au sein du projet ciblé DIALOG, qui vise à faciliter la collaboration et la compréhension mutuelle entre personnels de recherche et parties prenantes de l’adaptation, et donc améliorer la configuration des enjeux de recherche, services climatique et réponses territoriales face aux effets du changement climatique.
• Le contexte de recherche
La relation entre la ville et la montagne est scrutée depuis longtemps par les géographes, que ce soit sous l’angle économique ou culturel. Les échanges entre ces deux espaces sont souvent identifiés par les mouvements de population liés aux déplacements domicile-travail ou à l’excursionnisme des activités de pleine nature. Les impacts du dérèglement climatique en termes de vagues de chaleur, d’accès à la ressource en eau ou de dommages aux infrastructures de transport invite à repenser ses relations d’interdépendance entre territoires de moyenne montagne et centres urbains situés dans les vallées alpines. On pense tout d’abord aux espaces métropolitains pour lesquels l’accès aux massifs environnants est facilité par les « courtes » distances.
Depuis la crise du COVID et l’évolution des pratiques de télétravail, la question des mobilités résidentielles vient s’ajouter à celles des mobilités quotidiennes et de loisirs. Ces nouvelles pratiques questionnent les élus des communes de montagne quant à leurs impacts sur le foncier, les processus de gentrifications, la gestion des mobilités et des aires de stationnement et plus généralement les attentes de ces nouveaux habitants vis-à-vis des services publics de proximité. Dans ce cas, les non-dits ou conflits en gestation ne demandent qu’à surgir ou resurgir lorsque la crise advient. Ce fut justement le cas lors du déconfinement suite à la pandémie du COVID19. Les habitants de la vallée, las de leur enfermement, se sont précipités en montagne pour profiter du grand air et des grands espaces, sans pour autant et pour la plupart s’être demandé en amont s’il y avait des codes et des usages à respecter envers la population locale, qui s’est échaudée, et envers les habitats naturels qui ont vécu une nouvelle pression.
De nouveau, pendant l’été 2022 et 2023, des flux de personnes se sont déversés dans les massifs afin d’échapper cette fois-ci à un autre type de « désagréments » : la canicule. Ce phénomène de fuite et de recherche de fraîcheur, considéré comme une adaptation instinctive, s’est traduit par des usages et des comportements aux conséquences inattendues ou préoccupantes (sur-fréquentation diurne, bivouac, feux de camps nocturnes, etc.) pouvant menacer l’intégrité écologique de certains sites, des services rendus par la forêt, et la bonne entente entre habitants et « réfugiés ». Après analyse et prise de recul, les espaces de moyenne montagne se sont aperçus qu’ils étaient ainsi exposés à un nouveau type de vulnérabilité lors des vagues de chaleur, à l’instar d’autres territoires qui bénéficient d’aménités attirantes comme des lacs.
Il est donc nécessaire d’objectiver, dans un premier temps, si nous sommes face à un réel problème en devenir, accentué – ou non – par les perceptions toujours brûlantes des relations ville-montagne ; et dans un second temps, d’imaginer la façon dont ce problème peut s’accentuer et engendrer des effets en cascade qui viendront s’accumuler avec d’autres effets du changement climatique et des transitions en général, notamment sur les territoires de montagne où cohabitent lieux d’habitations, activités humaines (tourisme, agriculture) et espaces protégés.
• Les objectifs du stage
Ce stage a pour objectif de mieux caractériser les migrations résidentielles ville-montagne puis de comprendre les effets en cascade des phénomènes climatiques (vagues de chaleur) ou sociétaux (télétravail) sur ces mouvements de populations urbaines afin d’aider les territoires destinataires, qui ont déjà connu les prémices de ces phénomènes, et qui cherchent à anticiper et à s’adapter.
Les terrains d’étude identifiés sont :
– le massif des Bauges, en lien avec le Parc Naturel Régional, et plus particulièrement la commune de Les Déserts, support de la station de la Féclaz
– le massif de la Chartreuse, en lien avec le Parc Naturel Régional et la réserve naturelle nationale (RNN) des Hauts de Chartreuse, la commune du Plateau des Petites Roches.
Cette réflexion pourra être complétée par une approche des relations ville-montagne sur les nouveaux modes d’habitat, modes de déplacement et de regards et usages des territoires par les néo-ruraux. Il s’agira de formaliser le système d’interaction/interdépendance entre territoires de montagne et centres urbains en vallée.
Exemple : gestion de l’afflux/dépeuplement ponctuels ou permanents liés aux extrêmes climatiques ; conflits d’usages et de représentation de la nature ; gestion des ressources…
Les attendus sont une meilleure compréhension du mécanisme de réponses de ces socio-écosystèmes au regard des évolutions des enjeux économiques et environnementaux face aux évolutions climatiques, et avec un focus tout particulier sur les « migrations climatiques » locales et leurs conséquences directes (sur-fréquentation, bivouac, conflits, etc.) et indirectes. Les notions de migrations et de réfugiés seront d’ailleurs interrogées.
Cette analyse pourra s’accompagner de recommandations sur les stratégies d’adaptation à mener dès aujourd’hui afin d’anticiper et réduire les effets de ce phénomène.
Une proposition de jeu d’indicateurs, existants ou qu’il faudrait créer, est également attendue, sur les thématiques telles que la mobilité, la démographie, le tourisme, l’agriculture, le social et l’économie, et bien sûr le changement climatique, afin i) d’objectiver les phénomènes en cours et ii) faire remonter le besoin au programme de recherche TRACCS autour des informations manquantes à mobiliser.
Enfin, des hypothèses (scénarii) seront testées en utilisant la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) issue du nouveau Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), afin d’alimenter le cadre des recommandations en se projetant sur un climat en 2050 où les vagues de chaleur seraient plus fréquentes et intenses.
• Les missions du stage
Il est attendu :
– D’analyser les données de migration résidentielle de l’INSEE
– D’effectuer des entretiens avec les élus, acteurs et habitants des territoires amont et aval concernés par l’étude.
– D’élargir les connaissances avec un recensement (benchmark) de cas similaires et échange avec la Métropole de Turin et leur projet en cours d’Ecole de la Montagne.
– De travailler sur le jeu d‘indicateurs, là aussi en consultant les structures et acteurs du territoire qui produisent des données, et de travailler en synergie avec les référents chercheurs.
– De travailler avec un groupe (élus-acteurs, agence et chercheurs) sur un modèle simplifié de territoire (pour les deux cas d’étude) permettant de mettre en lumière les conséquences systémiques des mouvements de population lors des vagues de chaleur. Ce travail pourra se matérialiser sous la forme d’une cartographie, d’un chorème ou d’un schéma heuristique, entre autres.
– D’appliquer des indicateurs de TRACCS pour se projeter sur les effets à long terme. Vous serez assisté.es sur cette démarche par les encadrants.
– D’évoquer des pistes de solution et les partager avec les acteurs et les élus.
• Localisation, date et durée du stage
Le stage sera situé dans les locaux de l’Agence au 25 rue Jean Pellerin à Chambéry (73).
Le stage débuterait fin février 2025 pour une durée de 6 mois.
Des déplacements sont à prévoir à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE) de Grenoble
• Encadrement du stage
Christophe Chaix, chargé d’étude à AGATE, géographe-climatologue
Hélène Bouscasse, Chercheuse INRAE en économie à l’INRAE Dijon
Isabelle Ruin, Directrice de recherche CNRS à l’IGE en géographie sociale, socio-hydrologie
• Rattachement
Institut des Géosciences de l’Environnement, campus universitaire de Grenoble
Agence Alpine des Territoires, 25 rue Jean Pellerin, 73000 Chambéry (lieu du stage)
• Formation souhaitée : Niveau Master 2
• Compétences et savoir-être
Bonne connaissance des matières suivantes : géographie, sociologie, climatologie, avec une bonne maîtrise de l’analyse de données. Des bases en économie seraient appréciables.
– Intérêt pour les approches pluridisciplinaires, bonnes capacités à appréhender, assimiler et connecter plusieurs disciplines de sciences humaines et sociales.
– Connaissances des territoires de montagne et intérêts pour l’étude des liens entre les sociétés et les environnements, notamment sur la fréquentation touristique, la mobilité, l’économie locale.
– Une appétence pour les données et les statistiques, la représentation schématique.
– Bonne capacité relationnelle, et motivation pour réaliser des entretiens directifs ou semi-directifs, animer des ateliers.
– Maîtrise des techniques d’analyse et/ou de traitement qualitatif souhaitable.
– Bonnes capacités rédactionnelles.
– Esprit de synthèse et d’analyse requis.
– Permis B indispensable.
• Processus de recrutement
Merci d’adresser votre candidature avant le 03 février à contact@agate-territoires.fr (lettre de motivation et CV).
Pour toute question, vous pouvez prendre contact avec Christophe Chaix (0479253650, christophe.chaix@agate-territoires.fr), Hélène Bouscasse (helene.bouscasse@inrae.fr) et Isabelle Ruin (isabelle.ruin@univ-grenoble-alpes.fr)
Les candidatures seront étudiées au fil de l’eau pour un entretien programmé entre le 10 et le 14 février.